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Isaac L. BEAUJOUR

Le Conseil d’Administration de la Fondation Haïtienne pour le Relèvement et le Développement (FHRD) vient de procéder à la nomination d’un nouveau directeur à la tête de la structure. Il s’agit de Mr Isaac L. BEAUJOUR. Cela advient après la démission, survenue en juin 2021, de Mérès TAILOR, le premier haïtien qu’a connu la FHRD comme directeur, de septembre 2019 à juin 2021. Comme le laissait entendre très bien la première phrase qui a introduit l’article sur la nomination de l’ex-directeur, il s’agit toujours d’une direction haïtienne pour une fondation haïtienne, avec la même devise: « BATIR ENSEMBLE L’AVENIR ». Mais voyons maintenant, après sa nationalité et citoyenneté haïtiennes, qui est Mr Isaac L. BEAUJOUR?

BIOGRAPHIE & FORMATION: Né à Corail en 1983, Isaac Louis BEAUJOUR a fait ses études primaires à l’Ecole Saint Jean Bosco et les deux premières classes du secondaire au Lycée National dans la même ville. Sous l’égide du curé de sa paroisse, le RP Osnel Alexis, il rentre à Jérémie en 1997 où il rentra au petit séminaire en classe de 9ème année fondamentale et y passa 5 ans. Et c’est pendant cette période, plus précisément, en classe de rhéto, qu’il a connu Mérès TAILOR qui venait alors tout juste d’intégrer le petit séminaire en classe de seconde et de qui nous parlerons davantage dans le prochain paragraphe. Après ses études secondaires, le nouveau curé de sa paroisse, désormais le RP Suffrin, envoya le jeune Isaac faire le grand séminaire à la Congrégation des Lazaristes de Saint Vincent de Paul, à Tabarre, dans le département de l’Ouest. Pendant son année de cheminement (été 2002 – été 2003), il était externe et en a profité pour faire son auto-école et son informatique, à « Coeurs Unis Ecole Professionnelle« , durant l’été 2002. En 2003, notre homme est interne chez les Lazaristes et est le lauréat du concours d’admission à « l’Institut de Philosophie Saint François de Sales« , Séminaire Scolastique où les lazaristes font d’habitude leurs études philosophiques. Il fait son baccalauréat philosophique en 3 ans au terme desquels il a été invité par les responsables à poursuivre la prêtrise dans une autre congrégation qu’il aura à déterminer lui-même. Mais son discernement lui aura amené à s’inscrire à trois facultés d’Etat (Facultés des Sciences Humaines (FASCH), Faculté de Droit et des Sciences Economiques (FDSE) et INHAGEI (Institut National des Hautes Etudes en Administration, Gestion) dans le but de mettre toutes les chances de son côté en vue de garantir son admission à l’une des trois. Ironie du sort, Mr Beaujour est qualifié et admis aux trois facultés dont il se verra obligé de choisir une seule, car il devra dispenser des cours de français aux jeunes séminaristes du Postulat Intercommunautaire de Cazeau, pour denicher un gagne-pain et se payer les frais de transport. Dans le discernement du jeune homme, – nous sommes en 2007 – c’est la Faculté des Sciences Humaines (FASCH) qui l’emporte sur les deux autres. Beaujour s’inscrira dans le département du Travail Social pour un cursus de 4 ans, mais n’en passera que la moitié, car son excellence chez les salésiens, avec qui d’ailleurs il gardait toujours de bonnes relations, lui a valu d’être choisi par le recteur de l’institut, au printemps 2009, pour une bourse de licence magistrale en Philosophie à Rome, en Italie, à l' »Università Pontificia Salesiana« , où il décrocha une licence en Anthropologie philosophique en juin 2012. Il a profité de son passage à Rome pour s’élancer dans un cours de maitrise en Coopération Internationale, organisé par la FOCSIV ( Federazione Organismi Cristiani Servizio Internazionale Volontario), à l’université Saint Jean de Latran (2011-2012). Mais son retour en Haïti ne lui a pas permis de rédiger et de défendre le mémoire de ce master dont il a pourtant suivi tous les cours du programme. Car voulant être honnête avec la congrégation salésienne avec laquelle il a signé un contrat pour rentrer à Tabarre au terme de son cursus de philosophie, il a dû abandonner le processus du mémoire de son master en Coopération Internationale pour rentrer en Haïti en juin 2012.

Agé de 28 ans, Isaac L. Beaujour est à peine rentré en Haïti en 2012 et commence à dispenser des cours à l’Institut de Philosophie Saint François de Sales. Il a effectué, en 2012, un stage rémunéré de 3 mois à la Oxfam America (à PétionVille) en « Advocacy and Aid Effectivness« . Après quoi, il a été appelé à plusieurs reprises par la même ONG pour réaliser des missions de plusieurs jours en provinces, notamment dans le Nord du pays. Durant le dernier trimestre de 2013, Mr Beaujour a rencontré Mérès TAILOR, son ami de vieille date et originaire du même département que lui: La Grand’Anse (Jérémie), comme déjà signalé dans le paragraphe précédent. Et c’est exactement avec Mr Tailor que Mr Beaujour allait faire la connaissance de la Fondation Haïtienne pour le Relèvement et le Développement (FHRD) où Mr Tailor occupait le poste de Coordonnateur des Activités Economiques de la FHRD. Celles-ci englobaient alors la fabrique des parpaings, la fabrique des pâtes alimentaires et la boulangerie, dont Mr Beaujour fera plus tard l’acronyme 3P ou P3 pour signifier respectivement la pâte, le pain et le parpaing; acronyme qui deviendra plus tard 4P ou P4 avec la mise en place des pintades.

EXPERIENCE FHRD: En novembre 2013, sous le directorat de Mr Georges Fédry, d’origine française, Mr Beaujour a remis son dossier pour une demande de travail à la Fondation Haïtienne pour le Relèvement et le Développement (FHRD), mais sans succès. Son audace l’a incité à solliciter un stage gratuit dans la même boite. Stage accordé mais en plus, rémunéré, avec comme fonction Responsable du Processus de Sélection des bénéficiaires du Village Colombie, le 03 janvier 2014. Deux (2) mois plus tard, Mr Fédry n’a pas tardé à embaucher son stagiaire en écourtant d’un mois son stage préalablement contracté pour 3 mois, en mars 2014, comme Coordonnateur des Villages de la FHRD. En 2017, avec Evens DUCASSE et Mérès TAILOR (alors Responsable des Activités Economiques de la FHRD), il est Membre du Comité Directeur sur le directorat de Christian DROUIN. Lorsque, en 2019, Mérès TAILOR sera nommé comme le premier directeur haïtien de la FHRD, c’est à Isaac L. BEAUJOUR qu’il confiait la gestion de la FHRD pendant ses déplacements. En 2021, après la démission de Mr Tailor, Mr Beaujour fut nommé directeur ad interim de la FHRD, pendant 6 mois, allant d’avril 2021 à octobre 2021. Et pour finir, il sera nommé directeur générale de la FHRD en novembre 2021 par le Conseil d’Administration de la Fondation Haïtienne pour le Relèvement et le Développement (FHRD) pour un mandat d’une année renouvelable.

Le nouveau directeur dans son bureau

LANGUES: Mr Beaujour connait bien son italien, car c’était la langue vernaculaire de tous ses cours dont les examens se faisaient toujours à l’oral pendant ses 4 années d’études à Rome, en Italie. Il est prof de philosophie et de français et est en train de parfaire son anglais. Mais ces trois langues mises ensemble ne sauraient égaler son créole, car il est haïtien « natif natal« , comme le dicton créole aime souvent le dire.

Au boulot

Le mot d’ordre du nouveau DG est simple et ne contient que trois mots: « Bien Faire Ensemble ». Ce qui laisse clairement supposer une administration, un ouvrage d’équipe où il n’y a pas de place pour la discrimination et l’exclusion. Pour finir, le nouveau dirigeant de la FHRD souhaite vivement la collaboration et la participation de tous pour la pérennisation de l’œuvre, de l’esprit, de la vision de cette FHRD combien ambitieuse et utile qu’un groupe de citoyens et citoyennes de la commune de Croix-des-Bouquets a su créer il y a de cela plus de 10 ans.

Pour la petite histoire, l’on se permet de passer en revue le nom des anciens directeurs de la Fondation Haïtienne pour le Relèvement et le Développement (FHRD) depuis sa création en 2010 jusqu’à nos jours: Mirco CARMILLETTI (italien), Georges FEDRY (français), Thibaud DU ROSEL (français), Paul-Marie THIEBOT (français), Mathieu LEGRAND (français), Christian DROUIN (français), Mérès TAILOR (haïtien) et Isaac Louis BEAUJOUR (haïtien).

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Mérès TAILOR

Une Fondation Haïtienne avec une direction haïtienne, tel était le rêve caressé non seulement par le Conseil d’Administration de la Fondation Haïtienne pour le Relèvement et le Développement (FHRD), mais encore par la majorité des employés de la Fondation et aussi certains des bailleurs de ladite Fondation, notamment le Secours Catholique-Caritas de France, (SCCF) organisation non gouvernementale (ONG) qui a d’ailleurs contribué sensiblement pour la réalisation de ce rêve. Pourtant, depuis sa création – les premières semaines qui suivirent le séisme de janvier 2010 – jusqu’au premier trimestre de 2019, la Fondation n’a été dirigée que par des européens, tantôt italien tantôt français.

Pour réaliser ce projet dont les jalons ont été préalablement posé par Mathieu LEGRAND, puis continué avec plus d’ardeur par Christian DROUIN, le Conseil d’Administration de la FHRD s’est finalement résolu à marquer le ton, en procédant, le 6 mars 2019, après maintes rencontres et consultations, à la nomination de Mérès TAILOR comme premier directeur général haïtien de la Fondation Haïtienne pour le Relèvement et le Développement (FHRD). Enfin, un haïtien dirige la Fondation Haïtienne pour le Relèvement et le Développement: Mérès TAILOR.

Originaire des Roseaux (Grand’Anse), où il a d’ailleurs entamé ses études primaires, Mérès TAILOR a commencé ses études secondaires à Jérémie pour les achever ensuite dans la capitale. Entre temps, il a fréquenté le Petit Séminaire Notre Dame du Perpétuel Secours de Jérémie, dont le terrain a été par la suite vendu aux missionnaires du Foyer St Camille. Il est ensuite rentré au Séminaire St Charles Borommée en 2007 où il a passé 5 ans, dont quatre ans en Haiti et 1 année en Colombie. Après les études secondaires et pendant les trois années du séminaire en Haiti, il a obtenu son baccalauréat en philosophie. Rentré au bercail en 2012 après qu’il a laissé le séminaire de Colombie, il a intégré la FHRD en avril 2012 où il était un simple responsable de dépôt.

Mérès TAILOR, premier directeur haitien de la FHRD, dans son bureau

De responsable de dépôt, il est devenu coordonnateur des activités économiques de la FHRD. Quelque deux ans plus tard, après que le CA de la FHRD ait décidé de rassembler les activités économiques de la Fondation sous une société anonyme dénommée La Rosée S.A., Mérès était devenu alors le Directeur de cette dernière en 2016. Entre temps, il a pu décrocher à l’INUKA un diplôme en Sciences Administratives et de Gestion. Trois ans après, la plus lourde tâche l’attendait, au delà de toute attente: sa nomination comme directeur de la FHRD par le Conseil d’Administration.

Mais toutefois, ne devrait-on pas souligner qu’il s’agit plutôt d’un aboutissement auquel la Fondation préparait déjà Mérès TAILOR, à l’insu de tous? En effet, Mérès n’avait-il pas l’habitude – qu’on se le rappelle ici – d’assurer l’intérim de la direction de la Fondation, en solo ou en trio, pendant les déplacements provisoires des anciens directeurs (absents parfois pour raison de voyage médical ou congé d’été) qui s’étendaient sur une quinzaine de jours ou parfois un mois?

Si pour certains, il s’agit d’une nomination pure et simple, comme il le fut pour les prédécesseurs de M. Tailor, il convient toutefois de souligner et marquer le côté à la fois historique et émotionnel de la nouvelle direction. Historique tant pour la Fondation que pour Mérès. Car d’une part, c’est pour la première fois que la FHRD se verra diriger par un haïtien. D’autre part, on peut facilement comprendre que le fait d’être le premier haïtien comme directeur de cette structure ne saurait laisser M. TAILOR sans une charge émotionnelle. « Ce n’est pas sans réticence que j’ai accepté cette mission, du moins cette nomination. J’ai surtout voulu savoir si j’allais trouver la collaboration de tout le monde. Après consultations et enquêtes, j’ai finalement cédé, j’ai dit oui« , a-t-il renchéri lors de sa présentation aux permanents et ouvriers de la Fondation par Isaac XAVIER, le président du CA de la FHRD.

Par ailleurs, entre émotions et responsabilités, adaptations et attentes, le nouveau directeur promet une bonne direction avec une administration participative, qui requiert l’apport et la contribution de tous: membres du CA, permanents et ouvriers de la Fondation. Ayant l’avantage de la connaissance de la Fondation, des ressources humaines et des biens meubles de cette dernière, le nouveau directeur peut présumer une adaptation et une insertion sans ambages ni trop de difficultés. Mérès TAILOR prendra fonction le 10 juin 2019, le lendemain du départ de Christian DROUIN, le directeur français sortant, à côté duquel, il a d’ailleurs passé deux mois (avril et mai) de passation de pouvoirs.

L’on ne saurait laisser sous l’étiquette de l’oubli, les diverses contributions, apports et sacrifices des diverses personnes, partenaires et bailleurs qui ont rendu possible la FHRD, dans toute son histoire. En ce sens, nous remercions de tout cœur le travail de tous, à tous les niveaux (membres du CA, partenaires, anciens directeurs, permanents et ouvriers) qui ont œuvré infatigablement jusqu’à la réalisation de ce projet de direction locale longtemps resté dans les tiroirs.

Mr TAILOR sur la galerie des locaux de la Fondation

Pour la petite histoire, l’on se permet d’indiquer les anciens directeurs de la Fondation Haïtienne pour le Relèvement et le Développement (FHRD) depuis sa création en 2010 jusqu’à nos jours: Mirco CARMILLETTI (italien), Georges FEDRY (français), Thibaud DU ROSEL (français), Paul-Marie THIEBOT (français), Mathieu LEGRAND (français), Christian DROUIN (français) et Mérès TAILOR (haïtien).

Isaac L. BEAUJOUR, auteur

Isaac L. BEAUJOUR
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